
« Je fais partie d’une communauté d’artistes de steelpan mondiale qui veulent que l’instrument soit apprécié de la même façon qu’une guitare ou que le piano. Donc on essaie d’emmener les gens dans le monde du steelpan en faisant des covers de musique pop ou de musique populaire dans n’importe quel genre. »
– Mr. Pöng
Entrevue d’artiste
Mr. Pöng
Cette section vise à présenter les artistes et leur art. Les questions sont à titre de modèle, donc ils pouvaient diverger un peu de ces questions tout en restant dans l’esprit d’une présentation d’artiste.
Pouvez-vous vous présenter ?
Mon nom c’est Ukpöng « Mr. Pöng » Etang, et je suis artiste de steelpan. Je joue l’instrument depuis l’âge de 9 ans alors ça fait environ 20 ans déjà, et, oui, d’origine Jamaïquaine et Nigériane, et Montréalais !
Pouvez-vous nous parler un peu du steelpan ?
Oui, c’est le dernier instrument acoustique du XXe siècle, inventé en 1930 à peu près, et ça a été inventé durant l’époque de l’esclavage, il y avait les esclaves qui n’avaient pas le droit de jouer des tambours en cuir, alors ceux qui ont été amenés à Trinidad et Tobago, c’est là où l’instrument, les esclaves ont vu qu’il y avait beaucoup de pétrole sur l’île, ils sont près de la côte du Venezuela, et ils ont recyclé les barils de pétrole, ils ont coupé, ils ont fait la soudure, le traitement avec la chaleur, pour que les notes résonnent comme tel. Et ça a eu beaucoup d’évolution, ça a juste commencé en faisant juste du rythme, mais après avec du temps, ça a évolué pour faire du pliage du métal, pour que les notes résonnent vraiment vivement.
À quel âge avez-vous commencé à faire de l’art visuel/du chant/de la musique ?
Mon enseignant de musique au primaire, il a immigré de Trinidad et Tobago à Montréal, et il a amené sa passion de l’instrument avec lui. Il a même commencé avant d’enseigner, il a joué dans les Métros à Montréal. Et il a fait une prestation pour la commission scolaire pour voir s’ils voulaient investir dans l’instrument comme programme parascolaire, et c’est comme ça que j’ai commencé. J’ai vu mes amis qui jouaient et moi je ne savais pas c’était quoi l’instrument, et en quatrième année j’ai commencé avec mes amis et j’ai continué après ça.
Quelle est votre relation au steelpan ? Que voulez-vous exprimer à travers votre musique ?
Je fais partie d’une communauté d’artistes de steelpan mondiale qui veulent que l’instrument soit apprécié de la même façon qu’une guitare ou que le piano. Donc on essaie d’emmener les gens dans le monde du steelpan en faisant des covers de musique pop ou de musique populaire dans n’importe quel genre. On veut aussi présenter la versatilité de l’instrument, parce que j’ai déjà même joué du Beethoven et du Bach dessus, j’ai joué du Justin Bieber dessus, alors c’est vraiment flexible comme instrument, et il y a même plusieurs voix, plusieurs « ranges » de notes musicales par rapport à l’instrument, et si moi j’ai les quatre principaux (Soprano, Alto, Tenor et Basse) et quelqu’un qui fait la batterie pour le rythme, j’aurais pas besoin de « background track ». Alors ça ça s’appelle un « steelband », alors on n’a pas besoin, c’est bien d’avoir de l’accompagnement comme une guitare ou un saxophone, mais avec les 4 voix principales du steelpan, on peut jouer n’importe quoi. Donc on veut que le monde respecte l’instrument comme tous les autres, et on espère de voir plus de musiciens comme dans les orchestres majeurs, comme l’Orchestre Symphonique de Montréal, un jour il y aura un musicien de steelpan qui jouera dans l’orchestre, c’est sûr. Peut-être pas moi, mais un jour c’est sûr !
Votre objectif personnel en tant qu’artiste ; Ce que vous voulez accomplir
Personnellement, c’est vraiment de continuer comme ambassadeur du steelpan, faire des enregistrements originaux, et aussi d’accompagner d’autres artistes sur leurs projets. Pour moi c’est pas vraiment d’être, comme, le Drake du steelpan, c’est pas vraiment mon but, mais j’aimerais faire des sessions avec des artistes, avec d’autres musiciens, avec des peintres, des danseurs, j’aimerais vraiment être créatif avec l’instrument et c’est pas vraiment d’avoir le « fame » global personnel, mais c’est vraiment, comme, quand il y aura un projet d’un artiste, si mon nom est dans les crédits, « artiste de steelpan, lui il a enregistré quelque chose pour mon beat ou ma chanson », c’est vraiment ça que j’aimerais faire.
Quel est votre processus créatif ?
J’ai commencé avec le piano à l’âge de 7 ans, mais quand j’ai été introduit au steelpan, vu que c’était plus proche de notre culture caribéenne anglophone, j’ai malheureusement lâché le piano, parce que le piano c’est vraiment la base d’apprendre le langage de la musique. Malheureusement, en apprenant l’instrument du steelpan, on a vraiment appris à jouer l’instrument, mais on n’a pas vraiment appris la musique théorique. Moi, j’étais chanceux d’avoir la base avec le piano, mais mes amis ils n’ont vraiment pas eu ça, et je pense que c’est pour ça qu’ils n’ont pas continué. Moi je voulais vraiment voir qu’est-ce que je pouvais faire avec cet instrument, et je suis quand même en train d’apprendre la théorie musicale à tous les samedis, je suis avec mon enseignant de théorie et ça va m’aider à m’améliorer. Alors avant ça, j’apprends vraiment à l’oreille, alors je prends des chansons, j’écoute les chansons, j’écris les notes à ma façon, ce n’est pas une façon qu’ils vont faire à l’orchestre. Et après je fais la pratique plusieurs fois pour que ça soit mémorisé, et après ça je fais les enregistrements, je fais les prestations, et c’est comme ça que je présente mon art.
Quelles sont vos aspirations futures personnelles et au niveau du steelpan ?
Au niveau personnel, c’est toujours améliorer en soi, physiquement, émotionnellement, avec tout ce qui se passe dans le monde en ce moment, c’est vraiment important de ne pas être un peu trop dans le malheur du monde, alors c’est vraiment que j’aimerais m’améliorer dans tout ce que je fais, alors je suis en train de faire un certificat de manager d’artiste, parce que moi je suis plus un « behind the scenes kind of guy », j’aime être à l’arrière-scène, mais c’est vraiment l’instrument qui fais que je suis à l’avant, parce que c’est un instrument vraiment unique, et j’ai quelque chose à amener avec l’instrument. Alors j’aimerais faire les deux, être dans des sessions musicales avec des projets avec d’autres artistes, mais aussi être sur le bord de manager pour les artistes anglophones à Montréal, dans le domaine du hip-hop, RNB, parce qu’il y a un besoin, il y a des labels pour les artistes francophones qui sont établis, mais sur le côté anglophone c’est pas vraiment établi encore et j’aimerais faire partie de ça. Donc personnellement et comme artiste, faire partie d’une équipe c’est vraiment le but. En ce moment, les festivals comme le vôtre, ça aide à attraper mon but un peu, je fais beaucoup de « networking » avec d’autres artistes et managers, quand je rencontre des photographes, des vidéographes, et ça fait partie de mon but, c’est tout relié.
Question en rafales – Festival d’Art Afro-Québécois 2022
Quelles sont vos sources d’inspiration dans la vie de tous les jours ?
L’art, mes collègues dans le domaine des arts. Moi je suis vraiment inspiré par beaucoup d’art. J’ai une très bonne amie qui m’a amené à un musée il y a quelques années, et c’était la première fois que j’allais dans un musée comme adulte, et ça m’a vraiment inspiré, parce que c’était le Musée des Beaux-Arts à Montréal et il y a beaucoup de différentes façons d’exprimer. Et ça m’a donné des idées pour faire des collaborations avec d’autres artistes. Souvent je vais aux concerts d’autres artistes, il y a un groupe à Montréal qui s’appelle Kalmunity, et eux ils font de l’improvisation avec leurs instruments, leurs voix, et tout est fait au moment, alors il n’y a jamais des chansons qu’ils vont faire qui sont les mêmes que la semaine d’avant, par exemple. Alors, oui, j’aime être entouré de beaucoup d’art, c’est vraiment ça qui me fait sentir les choses, et l’art c’est comme un miroir de la vie, et la vie est un miroir pour l’art, et les deux marchent comme ça comme une métaphore des émotions et des idées de l’humain.
Qui est l’artiste qui vous a le plus inspiré ?
Les producteurs des beats. Avant d’être artiste de steelpan, moi je voulais faire des beats, je voulais faire la production pour la musique hip-hop, RNB, donc c’est vraiment Timbaland, Pharell, Dr. Dre, Just Blaze, J. Dilla. Il y a plusieurs producteurs dans le domaine hip-hop qui m’ont vraiment inspiré, et le fait que le steelpan soit un instrument percussif, ça m’a donné des idées aussi.
Quelle est votre chanson préférée en ce moment ?
Il y a une chanson qui est sortie de J. Cole et Benny the Butcher, et c’est vraiment le beat de Alchemist, il est un de mes favoris aussi, c’est vraiment le beat avec le sample, ce beat-là est toujours en tête.
Quel est votre plat/repas préféré ?
Il y a un repas qui s’appelle Roti, qui est basé à Trinidad et en Guyane, et c’est comme une « crêpe » qui a des pois chiches séchés dans la « peau » du Roti, et tu fais un genre de wrap avec de la viande, soit poulet, bœuf, même crevette, et du cari et des patates, et même des patates sucrées. C’est vraiment bon, mais j’aime vraiment les plats asiatiques, du sushi, aussi.
Souhaitez-vous remercier quelqu’un qui vous a aidé dans votre cheminement artistique ou dans votre vie ?
Bien, pas à Montréal ! J’essaie d’avoir l’opportunité d’être à Montréal dans les mois plus chauds, je n’aimerais pas être ici trop longtemps durant l’hiver. J’aimerais visiter le Nigéria, je n’ai jamais été encore mais c’est là d’où vient mon père, et je sais qu’il y a beaucoup de beauté au Nigéria, c’est l’économie et le pays le plus grand en Afrique, j’aimerais vraiment voir ça, et ils sont en train d’avoir une révolution musicale avec les Afrobeats.